Rallycross de France – A la rencontre de Franck Tiné,
le directeur sportif du Sébastien Loeb Racing
Grégoire Demoustier (Pilote Sébastien Loeb Racing) :
« Globalement c’était un très beau week-end ! En terme de performance, je pense que nous n’avons jamais été aussi bien. Dès les essais libres, nous avons réussi à être dans le coup ce qui n’avait pas toujours été le cas jusqu’à présent. On a bien travaillé sur la voiture et j’ai compris pas mal de choses en ce qui concerne mon pilotage. On poursuit donc notre progression et on a même fait un gros bond en avant. Plus ça va, et plus nous sommes proches des demi-finales donc c’est très positif. Dans l’ensemble, toute l’équipe est satisfaite et je le suis aussi. Il me tarde déjà d’être à nouveau installé au volant de la voiture avec tous les réglages que nous avons trouvé ce week-end. Comme lors de chaque chronique, je vous présente un membre de l’équipe et cette fois-ci, c’est au tour de Franck Tiné notre Directeur Sportif. Il arrive à bien gérer le côté sportif et organisationnel mais aussi l’aspect humain de l’équipe. C’est une de nos forces car tout le monde s’entend bien au sein du team, et il n’y est pas étranger ! Franck sait être très sérieux et rigoureux quand il le faut, mais il n’est pas non plus le dernier pour de franches parties de rigolades lorsque c’est le moment de décompresser. C’est un réel plaisir de travailler avec lui. Je pense qu’en début de saison il y avait énormément de choses compliquées à mettre en place et je n’aurais pas aimé être à sa place, mais tout fonctionne très bien et c’est le véritable chef d’orchestre de l’équipe. »
La chronique
Franck Tiné (Directeur Sportif du Sébastien Loeb Racing) :
« Pour me présenter simplement, je suis le directeur sportif de l’équipe. Globalement, je dois m’assurer que l’on respecte les règlements, je dois assurer la cadence du week-end et faire en sorte que tout se passe bien au niveau de l’équipe et du pilote. Je peux également aller en direction de course si besoin car je suis le représentant officiel du Sébastien Loeb Racing auprès de la FIA et des organisateurs. Je travaille en partenariat et en symbiose avec l’ingénieur afin d’établir ensemble l’organisation nécessaire pour que le week-end se déroule sans accroc.
Voici un récit de ma “semaine-type” lors d’une manche du Championnat du Monde de Rallycross, avec quelques spécificités rencontrées pour la manche française de Lohéac :
Pour cette épreuve, tout a commencé par un casse-tête logistique car les voitures arrivaient du Canada et il a donc fallu s’assurer que l’on ait le moyen le plus efficace et rapide de rapatrier le matériel afin de pouvoir effectuer les révisions nécessaires avant d’aborder la course de Lohéac, et d’y ajouter un test préalable.
En général, le lundi, j’affine tous les derniers détails de ce que va être notre week-end en terme de timing avec toutes les dernières informations que l’on reçoit du promoteur. On travaille aussi par exemple avec le traiteur pour de caler les horaires des repas et les quantités afin de recevoir au mieux nos invités (partenaires, entourage du pilote) tout en assurant un fonctionnement fluide de l’équipe technique en fonction de leurs contraintes.
Je suis exceptionnellement parti mardi pour préparer la séance d’essai que nous avons faite le lendemain à Châteauroux. Nous partagions la piste avec l’équipe officielle Peugeot Sport et c’est toujours intéressant d’avoir une valeur étalon aussi performante.
Généralement, le mercredi est le jour où je rejoins l’ensemble de l’équipe et c’est vraiment top de retrouver tous les gars. Il existe une atmosphère familiale et je prends beaucoup de plaisir avec eux, notamment lorsqu’ils travaillent sur cette voiture : ils ont participé à son montage, et ont leur mot à dire sur les améliorations possibles, on sent vraiment que c’est leur “bébé”, et qu’ils ne veulent qu’une chose : qu’elle soit performante et toujours nickel !
Pendant qu’une partie de l’équipe était donc à Châteauroux pour la séance de tests, l’autre était déjà présente à Lohéac pour installer la structure composée de deux camions et de deux auvents, l’un technique, l’autre réceptif.
Les deux équipes se sont ensuite réunies le mercredi soir en Bretagne où nous avons pu faire un premier petit point sur les deux opérations menées en parallèle.
Le jeudi, traditionnellement, c’est une journée très lourde en terme de réunions. Nous nous réunissons d’abord entre représentants d’équipes, puis avec l’organisateur et la FIA, sans oublier les rendez-vous particuliers et le point sur les médias. Sur la journée, ça représente entre quatre et six heures, souvent consécutives, de “meetings” avec différents acteurs. C’est intéressant car si l’on peut faire le point sur les prochaines échéances, et le concret des évènements à venir, notamment en termes logistiques, nous en profitons aussi pour travailler avec la FIA et l’organisateur pour améliorer tout ce qui peut l’être, notamment au niveau sportif, et nous partageons tous nos expériences en toute transparence. Pendant ce temps, les mécaniciens travaillent sur la voiture, le pilote arrive et on termine cette journée par un briefing général pour donner les directions du week-end afin que chacun ait toutes les informations qui le concerne, notamment ce que sera son environnement de travail et que les objectifs soient fixés et connus de tous.
Le vendredi, on affine notre installation et nous avons également les vérifications techniques où la FIA s’assure que la voiture et l’équipement du pilote soient en règle. On enchaîne sur le briefing des pilotes qui est assuré par le Directeur de Course et on termine la journée, comme tous les autres jours, par un briefing pour faire le bilan des dernières 24 heures et surtout préparer la journée du lendemain. Ici, à Lohéac, une parade était prévue, et si cela représente une organisation particulière pour l’équipe, c’est toujours top d’aller au contact du public dans un cadre autre que le circuit. S’en est suivi la première séance d’essais libres qui nous donne les directions techniques à prendre pour la suite du week-end. Nous avons les retours de Greg et à ce moment-là, les vrais échanges avec Sébastien Loeb, qui n’est pas avare en conseils, commencent. Seb vient nous voir afin de partager sa connaissance de la discipline et pour aider Greg au maximum.
Samedi, c’est aussi une journée chargée avec une séance d’essais libres plus les deux premières séances de qualifications. C’est à ce moment-là que nous entrons vraiment dans la course, et que nous vivons aussi les premières joutes en piste, avec ce que cela comporte de risques d’accrochages et de faits de course. Le plus important à partir de ce moment là est la coordination du timing : j’informe en continu l’ingénieur et le chef de voiture pour qu’ils soient conscients du temps dont ils disposent pour travailler techniquement sur l’auto. Je suis en vigilance permanente, car les plannings du WRX sont dépendants de ce qui se passe en piste avant nous, ce qui n’est pas le cas en circuit.
Le dimanche, tout commence par un petit ‘warm-up’ de deux tours pour remettre tout le monde dans le bain. On enchaîne ensuite avec la Q3 et la Q4. Les douze premiers passent ensuite en demi-finales et c’est clairement ce passage qui est l’objectif de notre saison. On s’est rapprochés de cet objectif plus d’une fois, et nous comptons bien permettre à Greg d’y arriver avant la fin de l’année. L’après-midi, c’est un petit rituel, toute l’équipe pose les outils pour s’installer devant les écrans quand le ‘boss’, Seb, est en piste. Tout le monde vit ses exploits avec une grande passion ! En fin de journée, je fais un point au niveau de la communication et des médias. Ensuite, le démontage de la structure a lieu. À ce moment-là, nous avons déjà établi les plans pour les évènements suivants. On essaie de prendre le maximum d’avance sur le plan technique. Ici-même par exemple, la révision de la voiture a débuté dès le dimanche après-midi. Il faut ensuite que les camions repartent le plus vite possible afin que la voiture soit rapidement à l’atelier pour préparer la course suivante. On fait également un debriefing avec le pilote et l’ingénieur.
À Lohéac, c’est assez spécial car c’est la course nationale du Championnat du Monde WRX. 80000 spectateurs étaient présents ce week-end, c’est un record ! C‘était formidable, l’ambiance était super et nous avons ressenti beaucoup de passion et de bienveillance de la part du public. C’était également l’occasion pour nous d’accueillir Eurodatacar, Bardahl et ELCIA, nos partenaires qui sont venus nous soutenir avec leurs collaborateurs et clients à Lohéac. C’est toujours un plaisir de les recevoir pour partager notre passion, leur montrer ce que l’on fait, échanger avec eux, et faire en sorte qu’ils se sentent comme des membres de l’équipe à part entière. Ils ont les yeux qui brillent et ils vibrent avec nous. On passe toujours de bons moments ensemble. C’était un plaisir partagé par tous ! »